En voilà un titre qui envoie du lourd! Le gars, il se mouille là!
C’est vrai que j’ai vraiment hésité sur le titre et puis j’ai redécouvert la puissance des parenthèses. Voici un titre alternatif qui présente plus précisément ma vision singulière de toute orientation réussie tout en étant résolument tendue vers l’obtention d’une mission professionnelle:
Mes expériences professionnelles auprès d’étudiants/jeunes adultes sur au moins 3 zones distinctes du globe (France, Indonésie, Singapour, et je passe les 10aines de nationalités rencontrées dans le cadre de mes activités professionnelles) et ce durablement (au moins 2 ans à chaque fois) m’ont amené à observer et désormais à pouvoir affirmer qu’une large majorité d’étudiants et (jeunes) adultes n’ont ni une perception ni une compréhension claire et juste de l’activité de « réseautage professionnel ».
Pour certains (beaucoup?), le réseautage souffre même d’une forte connotation négative (piston, injustice, privilège, inégalité, hypocrisie, comportement faussement intéressé, insincérité…).
D’une part, beaucoup de professionnels du recrutement, du futur du travail et de la gestion de carrière, s’accordent à dire que le réseau n’est plus une option pour avancer dans sa carrière.
D’autre part, le monde professionnel semble connaître une profonde période de transition où les soft skills et l’intelligence comportementale tendent à devenir au moins aussi (si ce n’est plus) importantes que les compétences techniques (hard skills) pour différencier les candidats et augmenter l’employabilité et le développement de sa carrière.
Aucune définition ne me convenait, je l’ai donc écrite moi-même.
Dans ce contexte, et n’ayant jamais trouvé de définition complète du réseautage qui me convienne, j’ai rédigé en 2016 ma propre définition d’une activité que je considère comme une xx-compétence: « l’intelligence du réseau ».
La voici:
Tous les mots de cette définition ont été mûrement pesés et choisis pour que chaque lecteur appréhende plus justement ce qu’est cette activité, ce qu’elle n’est pas, qu’elle n’est pas réservée qu’à une catégorie de personnalités, contrairement à ce que pensent beaucoup.
« Faites-moi confiance pour ce projet »…😲
Pourquoi « xx-compétence »? La genèse de BeHave
En fait, je sens bien que la notion de compétence dissone légèrement/énormément avec l’activité de réseautage. D’où le titre de l’article fortement engagé… D’où le mot « art » au début de la définition. L’enjeu ultime, c’est la confiance. La confiance ne peut s’imposer ni se décréter: générer de la confiance ne peut pas être une compétence.
« Faites-moi confiance pour ce projet », c’est aberrant, quand on y pense, de sortir une phrase pareille dans un contexte professionnel ou de recrutement!
« Faites-moi »: impératif, ordre, injonction, immédiat.
« Confiance »: alchimie, fragile, temps long, séduction.
Mais je sens bien aussi que c’est une intelligence qui peut s’acquérir, un peu comme une compétence, donc. Pas complètement néanmoins. Car cette intelligence est constamment impactée par votre humeur et votre contexte macro et micro du moment: votre psychologie, votre héritage socio-culturel, vos blessures, votre personnalité, votre confiance en vous, votre stabilité émotionnelle, la pression intérieure ou extérieure.
Alors j’ai essayé tout un tas de préfixes: méta-compétence, intra-compétence, infra-compétence, super-compétence, auto-compétence, hyper-compétence, supra-compétence.
N’étant pas sûr du bon préfixe, je choisis « xx-compétence », chacun y mettra ce qu’il voudra. Peu importe le terme, le plus important est de comprendre que cette intelligence S’ACQUIERT, SE PRATIQUE, SE MAITRISE, S’AFFINE.
La plupart des étudiants (gens) ont probablement déjà entendu dire que le réseau est et sera essentiel pour leur vie personnelle et professionnelle. Soit, c’est top! Et après? Qu’est-ce que « réseauter » signifie vraiment pour un étudiant, un (jeune) adulte? Je veux dire, CONCRÈTEMENT?! Comment incarner le réseautage dans la vraie vie, sans avoir l’impression d’être faux ou de ne pas être soi-même? Quels sont les codes socio-professionnels et comportements appropriés? « Suis-je le seul à n’avoir aucune idée de la façon de réseauter? Aidez-moi!!« , pourrait répondre un étudiant/diplômé/pro en reconversion après qu’on lui ait dit que, pour réussir sa carrière, « il suffit » d’entretenir son réseau.
Comment peut-on démystifier d’abord puis diffuser largement ensuite un réel et authentique état d’esprit de réseauteur à travers toute une génération de (jeunes) adultes? Peut-on leur faire acquérir voire apprécier cette compétence: l’intelligence du réseau?
C’est la mission que je me suis fixée:
C’est sur cet objectif macro que j’ai commencé à me pencher il y a 5 ans.
Mon constat de départ était clair: le réseautage est, par essence, une discipline qui ne peut pas, ne doit pas se transmettre suivant des modalités magistrales et pédagogiques classiques. Elle nécessite un subtile mélange de connaissances (socio-professionnelles), d’approches théoriques ET pratiques, de connaissance de soi, d’outils de carrière, d’intelligence culturelle et émotionnelle.
C’est là que j’ai réalisé la nécessité d’explorer la rencontre entre 1/pédagogie expérientielle, 2/ingénierie pédagogique, 3/mécanisme d’orientation et de gestion de carrière et 4/responsabilisation individuelle. Car l’enjeu est bien là: permettre aux étudiants/jeunes adultes de s’approprier leur propre vie professionnelle, d’en être les acteurs souverains, et en connaissance de cause.
Il me fallait trouver ou concevoir un moyen, un concept, quelque chose de pratique tout en étant théorique, qui vous amènerait (étudiant, diplômés, pros en reconversion) à trouver votre PROPRE façon SINGULIÈRE de réseauter, fondée sur votre personnalité unique, sans effort parasite, authentiquement.
Bigre! Il doit bien y avoir un moyen!
Il doit bien y avoir un moyen de démocratiser cette activité qu’on dit essentielle dans une carrière mais que tellement de gens négligent pour les mauvaises raisons (« je ne sais pas faire, je ne suis pas câblé pour ça« )! Un déclic, une prise de conscience performative déclenchant une conscience intérieure que « votre » façon de réseauter est déjà « en vous », cachée.
Comment faire pour que les personnes que vous croisez soient époustouflées par l’assurance naturelle qui se dégage de votre activité professionnelle, de la façon dont vous en parlez ou avec laquelle (on pressent que) vous l’exercez ? Au point de vouloir travailler avec vous; même pas besoin de CV.
En somme, comment votre comportement est générateur de cette confiance nécessaire et rassurante dans les relations professionnelles, notamment dans des contextes larges de réseautage et de recrutement?
Comportement…comportement…com-por-te-ment! Mais oui, c’est le comportement la clé. Votre comportement c’est votre vitrine à tout instant. C’est par lui que TOUT passe, que vous le vouliez ou non. A l’oral, à l’écrit, en parlant, sans parler, dans la vraie vie, derrière un écran, au téléphone, votre façon de marcher, de serrer la main, de (ne pas) soutenir le regard…. C’est mon comportement mon principal vecteur de confiance. Il « suffit » donc d’avoir un comportement qui inspire confiance.
C’est comme ça qu’est né BeHave. C’est comme cela que je me suis penché sur la constitution de ce mot (je ne dis pas « étymologie » car je n’ai pas trouvé, à ce jour, de source claire sur l’histoire de ce mot, et son étymologie donc) et que le concept s’est imposé comme une évidence: Be + Have = BeHave.
Par la simple observation de ce mot, il m’a semblé que si vous n’avez pas exploré votre Be, votre Have et l’intersection des 2 (en d’autres termes, si vous ne savez pas ce que vous voulez/cherchez)…commencer à réseauter (prendre des cafés, demander des mises en relation, aller à des « events »….) est non seulement vain mais en plus très risqué: votre comportement ne suivra pas, ça va finir par se voir ou se sentir que vous êtes fébrile. Vous allez vous griller comme on dit dans le « milieu »!
J’ai alors compris que, en plus d’une figure stylistique sympathique autour de la constitution du mot Behave, j’avais devant les yeux un véritable concept d’orientation à destination de jeunes adultes, car c’était alors la cible de mon travail à ce moment-là. J’ai alors compris pourquoi tant de personnes étaient inconfortables avec l’activité de réseautage, voire hostiles. C’est probablement la conséquence d’un processus d’orientation/de gestion de carrière inabouti, non approfondi, inefficace.
Enseignement supérieur: vous ne devez/pouvez pas promouvoir le réseautage auprès de vos étudiants si vous ne leur proposez pas, en amont ou en parallèle, un parcours solide et complet de préparation Carrière !
Il ne peut pas y avoir de réseautage épanouissant, efficace et inspirant confiance si/tant qu’il n’y a pas un minimum d’activité introspective pour identifier ce que je suis, ce que je ne suis pas (to Be) et les compétences que j’ai ou que je peux/veux avoir (to Have). Appelez cela bilan de compétences, bilan professionnel, coaching, accompagnement projet pro, introspection individuelle. Peu importe tant que cela aboutit sur un projet professionnel, réaliste, réalisable, limpide et évident pour « vous ». Congruent. Pour moi, ça a été un bilan de compétences en 2015. Pour vous, peut-être vous faudra-t-il aussi un bilan de compétences.
Alors seulement…
Alors seulement, la mise en mouvement en quête d’un nouveau poste est possible et agréable, sereine, puissante, performative.
Alors seulement, l’individu peut être attentif et réceptif aux techniques, méthodes et codes qui constituent l’intelligence du réseau.
Alors seulement, l’étudiant/jeune diplômé sera impliqué dans la parcours pédagogique et expérientiel lui permettant d’identifier ses propres ressorts comportementaux, d’apprendre à les incarner.
Alors seulement, l’étudiant sera à même de bâtir une stratégie de recherche de stage/d’emploi basée sur la vraie compréhension des nuances/différences entre marchés ouvert, opaque et caché de l’emploi, en connaissance de cause.
La méta-pédagogie
Le parcours dont il est question est la rencontre de 3 ingénieries (je suis ingénieur, faut bien que ça me serve à quelque chose!). En creusant ce sujet, il semblerait que cette rencontre s’apparente à une discipline: la méta-pédagogie.
« Allez je te laisse, je vais à mon cours de Carrière! »
Nooooooon!
L’enjeu est de créer toutes les conditions pour que, bien qu’en groupes, les bénéficiaires/étudiants se sentent investis et mobilisés individuellement dans l’appropriation de leur quête de vie professionnelle. Tout en étant nourris par la dynamique du petit groupe (20 max) et la légitimité et/ou le charisme de l’intervenant. Tout l’enjeu dans la conception de ce parcours, a été de dés-académiser autant que possible les ateliers pour éviter à tout prix que les bénéficiaires/étudiants se disent « je vais en cours de carrière ». Non, la carrière n’est pas un cours et il est hors de question que les bénéficiaires adoptent une posture d’apprenants classiques. Il faut qu’ils sentent que c’est à portée de main. D’où l’importance d’une vision et d’une mission très claires, inspirantes.
Et en même temps, ça ne serait pas, ça ne devait pas être une méthode clé en main, avec garantie de résultat (en mode: « les 4 étapes pour trouver le boulot de vos rêves »). Qui peut sérieusement prétendre à cela une bonne fois pour toutes? Pas moi.
L’équilibre d’une vie professionnelle épanouissante est tellement fragile, incertain. Non, le parcours n’est pas clé en main pour son bénéficiaire, prêt-à-consommer. Désolé. Il faudra donner de sa personne pour faire émerger peu à peu, mais tellement naturellement, les paramètres constitutifs de sa performativité comportementale. Pire…ou mieux, je ne peux même pas garantir que le projet sera déployable immédiatement ni que le réseautage va aboutir selon l’exigence du calendrier du bénéficiaire. La vie est trop imprévisible. Mais au moins, il saura et aura toutes les cartes en main. Obligation de moyen, pas de résultat. Avec BeHave, je peux simplement garantir une prise de conscience qu’un alignement comportemental professionnel est possible et à portée de main. Et que le réseautage est accessible à tout le monde! Rien de plus, rien de moins. Le reste c’est la vie, le temps qui passe, la maturation, les hauts, les bas, les réussites, les échecs, les rencontres, les blessures, les guérisons…
Parce que « Faites moi confiance, embauchez-moi »…non mais franchement, un peu de dignité! Nous valons bien mieux que cela!